La santé sexuelle
Les dysfonctions sexuelles peuvent toucher tout le monde et méritent une attention particulière chez les personnes diabétiques
Généralement, les médecins connaissent surtout la dysfonction érectile, appelée autrefois "impuissance". Ce trouble n'est pourtant pas le seul identifié chez le diabétique. De plus, la femme peut elle aussi être touchée par la dysfonction sexuelle.
Est-ce fréquent ?
20 à 30% des hommes présenteront une dysfonction sexuelle au cours de leur vie. La prévalence (c'est-à-dire le nombre de cas dans une population donnée) de la dysfonction érectile est proche de 50% chez les hommes de plus de 60 ans. Les problèmes d'érection sont effectivement plus fréquents avec l'âge.
La dysfonction érectile est 3 fois plus fréquente chez le diabétique par rapport à la population générale. Par ailleurs, les taux de testostérone diminuent aussi avec l'âge et sont influencés par l'indice de masse corporelle. La fréquence de cette baisse du taux de testostérone dans le diabète de type 2 est 4 fois plus importante que chez le diabétique de type 1.
Chez la femme diabétique, dans un premier temps, l'incidence de la dysfonction sexuelle a semblé mineure mais le fait pour le médecin diabétologue de poser quelques questions orientées pour la dépister la met en évidence. Les problèmes sexuels peuvent atteindre toutes les phases de la sexualité féminine : cela va des troubles du désir aux troubles de la stimulation ou excitation (un problème de lubrification ou l'absence ou diminution d'un sentiment d'excitation).
Quelles sont les causes ?
Côté masculin, bien que le diabète reste une des principales causes de la dysfonction érectile, le tabagisme, l'obésité et la sédentarité en sont les facteurs prédictifs. Les causes sont organiques dans le cadre du diabète : atteinte du système nerveux, atteinte vasculaire ou encore médicamenteuse (certains hypotenseurs notamment). A côté de cela, n'oublions pas l'importance des causes psychologiques comme les problèmes de couple, l'angoisse de performance, le stress ou encore la dépression. La baisse de testostérone est en relation avec l'âge, mais aussi le surpoids.
Côté féminin, la dysfonction sexuelle peut bien sûr résulter de difficultés relationnelles avec le partenaire. Elle est influencée aussi par l'éducation, les traumatismes éventuels antérieurs, les expériences passées déplaisantes. La sexualité peut aussi être influencée par le contexte médical (maladie aiguë, traitements,...). Voilà pourquoi il est recommandé de fournir à votre médecin la liste complète de vos médicaments. A côté de cela, il peut y avoir des causes organiques locales comme une mycose vaginale par exemple. On mentionnera aussi le rôle prépondérant de la dépression et du stress - le statut de maladie chronique étant lui-même un facteur important d'anxiété.
"C'est grave, docteur ?"
Oui, ce peut être grave ! La dysfonction érectile est en effet un marqueur de maladie cardiovasculaire, raison pour laquelle il est conseiller de consulter un cardiologue afin d'effectuer un dépistage de maladie coronarienne. L'hypogonadisme (trouble de l'appareil reproducteur désignant un dysfonctionnement des gonades, ovaires ou testicules) est responsable d'ostéroporose et d'une augmentation de la masse grasse... qui augmentera l'insulinorésistance : l'insuline que vous produisez ou celle que vous injectez aura moins d'effet. Chez la femme comme chez l'homme, la dysfonction sexuelle peut avoir de graves conséquences sur la qualité de vie, causant des effets dévastateurs sur l'estime de soi et sur la qualité des relations de couple.
Comment me soigner ?
Côté masculin, dans un premier temps, il est conseillé de contrôler les facteurs qui participent à la dysfonction érectile comme la dyslipidémie (anomalies du taux des lipides dans le sang), l'hypertension artérielle, le tabac, l'alcool et la sédentarité. En somme, cela ressemble beaucoup à ce que votre médecin vous demande de contrôler dans le cadre du diabète, à savoir respecter les mesures hygiéno-diététiques. Le diabète doit être équilibré et votre médecin regardera s’il doit modifier votre traitement pour éviter des effets néfastes sur la sexualité. Enfin, une célèbre classe de médicaments est capable d’augmenter l’apport de sang au niveau du pénis, ce qui sera d’une grande aide dans certains cas. En cas d’hypogonadisme avéré, une substitution hormonale peut être nécessaire. Chez la femme, étant donné l’origine multifactorielle de la dysfonction sexuelle féminine, le traitement passera de préférence par une équipe multidisciplinaire. Le diabétologue s’attachera surtout à équilibrer le diabète et ce n’est parfois pas chose aisée pour lui d’aborder le volet de la sexualité en consultation.